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Laurent Berger était invité des 4 Vérités sur France 2 le mercredi 6 mai. Il a parlé du nécessaire dialogue social pour accompagner le déconfinement et redonner confiance aux travailleurs et travailleuses. Il a également parlé des besoins de solidarité, de redistribution des richesses et de reconnaissance des personnels qui nous ont permis de faire face à la période.

 

 

 

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Chroniqueur : Gilles Bornstein

Gilles Bornstein reçoit Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT.

Le déconfinement progressif doit débuter lundi prochain. Les syndicats alertent sur les conditions sanitaires nécessaires à la reprise d’activité. Laurent Berger, secrétaire général de la CFDT, est l’invité des 4 vérités.

Une reprise nécessaire, mais davantage négociée

Le représentant syndical n’oppose pas la santé à la reprise d’activité : « Ce qui est sûr c’est qu’il y a besoin d’une reprise d’activité dans beaucoup de secteurs, tout simplement parce qu’il en va des emplois qui sont derrière ». Mais pour la CFDT « la reprise ne peut se faire que si elle est négociée avec les salariés et les représentants du personnel et qu’elle assure un maximum de sécurité pour les travailleurs. »
Le ministère du Travail a publié un « protocole de déconfinement pour les entreprises », un texte précis de 20 pages à appliquer afin de garantir les conditions nécessaires à la reprise du travail. Laurent Berger estime que ce guide est « utile » sur l’aspect technique, mais « ne donne pas sens ». Selon lui, il faut restaurer la confiance des salariés angoissés, or « il n’y a jamais le mot dialogue social ». « Si un employeur appliquait ce guide stricto sensu sans jamais écouter ce que disent ses salariés, il n’arriverait pas à restaurer la confiance et donc il va falloir négocier cette reprise ».
Le protocole de déconfinement pour les entreprises interdit aux entreprises de tester ses salariés au Covid-19. Veolia a mis en place cette pratique de tests systématiques afin de rassurer les salariés.
« Ce n’est pas une logique de flicage, c’est plus pour rassurer. Je ne crois pas que ce soit le rôle d’une entreprise de tester, mais les entreprises regardent aussi les moyens à leur disposition pour rassurer et avoir un bon climat dans l’entreprise. Si c’est sur la base du volontariat avec aucune autre conséquence et que c’est limité dans le temps, je n’ai pas envie de rentrer dans des polémiques sans fin. »

« Il n’est pas question de renvoyer la responsabilité individuelle sur les citoyens »

Emmanuel Macron qui visitait, hier, une école de Poissy dans les Yvelines, a appelé au bon sens des Français concernant les déplacements. Ce n’est pas suffisant pour Laurent Berger qui pointe du doigt « le flou » qui entoure la reprise.
« Il n’est pas question de renvoyer la responsabilité individuelle sur les citoyens ou sur les travailleurs, c’est-à-dire ‘débrouille-toi dans ton poste de travail et essaie de faire les choses comme il faut avec les gestes barrières’, non cela s’organise. »
Le secrétaire général de la CFDT rappelle que les inégalités se sont creusées dans cette période notamment dans l’accès à l’éducation. « J’aurais préféré qu’il y ait des priorités dans ce sens ». Le retour au travail et la reprise d’activité reste dépendante de celle des enfants : « On ne sait pas si les travailleurs vont pouvoir reprendre dans des conditions à peu près normales notamment parce qu’on ne sait pas si les enfants vont aller à l’école ».

Taxer les plus riches pour une société « plus juste »

12 millions de salariés du privé bénéficient du chômage partiel. Le coût total de ce dispositif est estimé à 24 milliards d’euros pour l’État et l’Unedic. Laurent Berger soutient la proposition d’Emmanuel Macron de mutualisation des dettes européennes.
« Il faut isoler cette dette Covid en Europe, c’est la première de nos propositions, c’est-à-dire la mutualiser entre les pays européens parce que tout le monde en a contracté et il faut la rendre perpétuelle. »
Le leader de la CFDT défend l’idée de taxer le capital à la même hauteur que le travail en ajoutant des tranches supplémentaires pour les plus hauts revenus : « On a une double crise de l’offre et de la demande donc on ne peut taxer ni la consommation ni le travail. Ensuite, il va bien falloir si l’on veut construire ce monde d’après pour qu’il soit plus juste et plus solidaire, qu’il y ait une répartition de la richesse. »
« Cette crise elle nous enseigne qu’on a besoin de services publics à la hauteur et notamment d’un service de santé. Il ne va pas falloir oublier que certaines personnes ont été au front, pour reprendre certaines expressions, ont été mobilisées pour soigner quel que soit votre niveau de richesse. Il ne va pas falloir oublier que d’autres salariés ont été mobilisés avec des salaires extrêmement modestes pour nous permettre de subsister pendant ce confinement, et il ne va pas falloir oublier que les inégalités se sont creusées pendant ce confinement. »
Pour construire cette « société d’après », Laurent Berger estime qu’il faut « trouver des ressources » en faisant preuve de davantage de solidarité avec un modèle de développement basé sur « d’autres indicateurs de progrès que simplement la croissance économique ». « Je continue de dire que la sécession des riches doit cesser », conclut le leader syndical.