Retour sur l’année écoulée 

Je commence par un message adressé au gouvernement, le ministre ne participe pas à nos réunions c’est acquis, mais on n’est pas encore tout à fait sûr qu’il ne s’intéresse pas au moins un peu à ce qu’on y dit. L’année 2023 restera l’année des réformes honteuses. La réforme des retraites aussi contestable sur la forme qu’injuste sur le fond va conduire tous les travailleurs à travailler plus pour finalement gagner moins, le tout en faisant face à une crise inflationniste inédite.

La loi immigration votée hier soir est une honte à plusieurs titres. La France renonce définitivement à sa belle réputation de terre d’asile et à l’acquisition de la nationalité française par le droit du sol. Cette loi est déjà qualifiée par la presse internationale comme une des plus restrictives du monde occidental. Notre organisation a fait partie des influenceurs du vote Macron au deuxième tour des élections présidentielles, ce n’était certainement pas pour en arriver là...bien au contraire...La honte et le dégoût, voilà ce qui domine dans nos rangs ce matin.

Sur le sujet de la revalorisation salariale des agents de l’État. Le ministre de la Fonction publique nous a annoncé que 2024 serait une année blanche en termes de revalorisation salariale des agentes et agents de l’État, et donc une année noire pour ceux-ci, c’est juste mépriser toutes celles et ceux qui assurent les missions de services publics au quotidien, dans les ministères, dans les hôpitaux, dans les communes et autres collectivités. La CFDT porte des revendications permanentes, constructives, et réalistes pour que le ministre entende (enfin) que l’attractivité et la fidélisation ne peuvent passer que par une juste reconnaissance pécuniaire et morale.

Plus spécifiquement pour le ministère. Augmenter l’activité militaire implique des efforts sur les soutiens, tout le monde y a convenu : Pourtant ce qui devait arriver arriva : avec l’augmentation de l’intensité, les agents affectés aux soutiens travaillent plus, font des heures supplémentaires et des astreintes qui ne sont plus payées et sont donc contraints de récupérer ces temps, ce qui mécaniquement entraîne une nouvelle intensification de la charge de travail...et la machine s’emballe...

Et pourtant l’année 2024 ne fera pas exception sur le sujet des transformations dont le nombre augmentera encore. Alors que nous aurions pu, au contraire, espérer un gel, voire une consolidation des structures existantes.

Le projet d’arrêté ministériel de transformations, à l’ordre du jour de ce CSAM, impactera fortement les services de soutien. 8 705 postes civils « transformés » dont 1 247 seront supprimés. Le SCA supportera à lui seul la suppression de 819 postes, soit 66% de l’ensemble !

Et que dire des 104 suppressions de postes à la DRHMD alors que la filière RH est déjà à l’os ! Ces chiffres ne sont sûrement pas définitifs car, comme à l’accoutumée, des employeurs rajouteront leurs « oublis » au gré des arrêtés ministériels rectificatifs.

Personne ne semble épargné pour 2024, mais les services de soutien paieront une nouvelle fois la plus lourde facture. Et le soutien c’est essentiellement la mission du personnel civil.

La CFDT ne s’y trompe pas : les annonces de simplifications de gestion RH tant militaire que civile n’entraîneront pas une compensation nombre pour nombre par des transferts ou par des créations de postes au sein des armées.

Allons-nous réellement résoudre les dysfonctionnements RH en prenant de telles décisions ? N’y aura il pas une perte de compétence en ligne ?

La CFDT n’acceptera pas de mesures au rabais pour l’accompagnement des agents impactés par cette énième transformation. Les propositions de reclassement devront être nombreuses, de qualité, mais surtout ne devront pas être pénalisantes pour les parcours professionnels. L’accompagnement et le reclassement doivent être à la hauteur de l’investissement du personnel civil de notre ministère.

 

Le grand chantier des RH civiles et militaires

La décision à tardé mais elle là : les RH PM sont réinternalisées. Les agents déjà anxieux ont en cette fin d’année le moral dans les chaussettes et à l’intérieur de celles-ci en guise de cadeaux des suppressions de postes, des mobilités fonctionnelles et géographique à venir. Bref à Noël c’est le père fouettard qui va passer. Dans cette manœuvre la CFDT demande que l’ensemble des employeurs s’engage à accueillir sur les postes qui leurs seront à attribués par l’EMA les agents des DAP PM restructurés qui le souhaiteront.

L’expérimentation des RH PC n’est pas mieux accueillie par les agents mais ont-ils le choix ? La CFDT demande qu’un bilan d’étape soit présenté aux organisations syndicales contrairement à ce qui s’est fait pour les RH PM malgré nos demandes.

 

Transformation du SID

Le chantier de transformation du SID se poursuit, ou, pour les plus pointilleux, l’avant-projet sommaire.

Le constat du nouveau directeur central est, sans surprise, celui que les organisations syndicales avaient souligné : le paradoxe d’un service fortement critiqué malgré l’atteinte de ses objectifs.

Les responsables de gestion des crédits doivent être mis devant leurs responsabilités, surtout sur le sujet de la maintenance, trop invisibilisé.

Le calendrier de la transformation, soumis à de fortes pressions politiques, est à nouveau décalé. Cela fait maintenant plus d’un an que les agents sont dans l’expectative et le flou.

Le cadrage de la transformation doit être respecté, surtout dans sa temporalité ! De plus, la transformation du SID ne se fera pas sans moyens et la CFDT défend le projet d’académie de l’infrastructure militaire.

En effet, le domaine de l’infrastructure militaire se distingue nettement de celui de l’infrastructure civile, ses enjeux nécessitent de disposer du personnel le mieux formé possible et fidélisé par des parcours professionnels et des perspectives de carrière concrètes et ambitieuses.

Cela passe aussi par la reconnaissance sur les fiches de postes et des groupes IFSE cohérents avec les niveaux d’engagement et de responsabilités des agents.

Mais avant cela, il va falloir que les employeurs EMA et SGA se mettent au diapason urgemment sur le PAT du SID.

En effet, les consignes pour les affectations dans les DID données par l’EMA posent question et le SID ne sait même pas quel arbitrage va donner le président de la République sur le sujet ! Aujourd’hui, des agents affectés en DID à la dernière rentrée scolaire viennent passer les fêtes de fin d’année en métropole et s’interrogent sur la nécessité de prospecter dès à présent de nouveaux postes.

Le schéma se reproduit pour les régies dont certains postes seront HREO dès 2024 alors qu’ils seront réaffectés en 2025 : le risque de perte de ressources humaines est plus qu’avéré !

 

Filière technique.

Des points sont à l’ordre du jour sur les concours et les directeurs d’administration territoriale. Nous interviendrons sur ces sujets quand ils viendront en discussion. Nous espérons toutefois que le chapitre filière technique dans l’agenda social n’est pas clos. Vous le savez, nous sommes sensibles à l’avenir et à la pérennité de cette filière. La CFDT porte des propositions. Le chapitre consacré dans notre résolution de congrès donne déjà des pistes bien avancées, que nous pourrons expliciter dès que des discussions reprendrons.

Nous avons tous à y gagner, pour les agents, pour l’attractivité et la fidélisation dans le ministère. Le manque de débouché A+ technique dans ce ministère est pénalisant.

  • Pourquoi les ICD ayant les mêmes prérogatives et le même niveau de recrutement que les 5 autres corps des Ingénieurs des travaux de l’État n’ont pas eux aussi de débouché A+ ?
  • Pourquoi la filière technique de notre ministère ne peut pas recruter des Ingénieurs A+ civils à l’identique d’autres ministères.

Si nous prenons les exemples des ICD infra, pour pouvoir devenir Ingénieur A+, ils doivent obtenir un détachement dans le corps des ITPE, pour ensuite présenter l’accès en liste d’aptitude à IPEF. Des ingénieurs perdus pour le ministère donc.

C’est la même chose pour d’autres ICD de spécialités plus industrielles, ils doivent obtenir un détachement dans le corps des Ingénieurs de l’industrie et des mines avant de prétendre à une promotion en ingénieur des mines.

Que croyez-vous que des jeunes ingénieurs à fort potentiel voulant faire carrière choisiront ?

L’humain est une ressource dans laquelle il faut investir.

Il y a eu une époque où le ministère acceptait de s’engager sur des formations qualifiantes d’un, deux, voire trois, cinq ou sept ans pour assurer les évolutions de carrières de ses meilleurs agents.

Aujourd’hui encore, des ministères forment certains de leurs agents en école d’ingénieur pour une durée de deux ou trois années. Ils disposent ensuite d’ingénieurs issus de leurs corps de techniciens, formés à l’identique de ceux recrutés en externes.

C’est aussi cela améliorer l’attractivité et la fidélisation.

Mais dans notre ministère l’ascenseur social s’est grippé pour les civils avec la fin de la guerre froide et « les dividendes de la paix ». Pourtant cela fait maintenant plus de 8 ans que nous savons que la paix n’est pas acquise. Les États ont majoritairement tiré les leçons des crises internationales et les budgets consacrés à la défense ont partout augmenté. Il est grand temps de refranchir le Rubicon dans l’autre sens pour ce qui concerne les parcours de carrière des agents et en l’occurrence de ceux de la filière technique, mais pas seulement, la filière sociale est aussi en souffrance et la filière administrative ne va pas beaucoup mieux. Les bonnes décisions ne sont pas faciles à prendre dans un monde très libéral et hostile à la consolidation du secteur public, mais il faut savoir ce que l’on veut et faire preuve d’audace quand c’est nécessaire !

Plus généralement, attirer et fidéliser les jeunes travailleurs et les jeunes travailleuses nécessite de bien les connaître. D'après le baromètre JobTeaser/Kantar, 80% des jeunes considèrent que les valeurs d'une entreprise déterminent son attractivité et 68% choisissent leur employeur sur la base de son engagement environnemental. Notre ministère, même si ce n’est pas forcément évident à première vue, doit pouvoir tirer son épingle du jeu sur ces deux champs. Quelques actions sont déjà entreprises sur le sens de la mission défense et sur la démarche pro-environnementale. Mais il faut aller plus loin et encore réfléchir à nos modes de faire, de savoir-faire et de faire savoir.

 

Mobilisation des agents publics pour les JOP

La mobilisation du service public est essentielle à la réussite de l’événement dans lequel notre pays est engagé pour 2024, mais elle ne pourra se faire que si les agents sont pleinement associés aux réorganisations nécessaires !

C’est seulement le 22 novembre dernier que la Première ministre annonçait -par circulaire- les différentes mesures qui allaient s’appliquer aux agents publics.

Cette circulaire prise sans aucune concertation préalable prévoit la modification des plages horaires, des congés, des astreintes, du repos hebdomadaire et du recours au télétravail, en bref de toute l’organisation du travail durant cette période. Alors que ses conséquences sur la vie des services et sur la vie professionnelle et personnelle des agents seront considérables, la seule contrepartie concédée par le gouvernement est l’augmentation de 10 jours du plafond d’alimentation des comptes épargne temps (CET).

L’augmentation du plafond des CET est nécessaire, mais ce n’est pas suffisant. Il faut aussi :

  • Déplafonner le nombre de jours indemnisables.
  • Anticiper la situation des agents dont les CET sont déjà pleins. Les dix jours de déplafonnement ne suffiront pas !
  • Assouplir les règles d’alimentation du CET. Les CET ne peuvent être alimentés que si au moins 20 jours de congés annuels ont été consommés. Or dans cette année exceptionnelle, ce ne sera pas le cas pour nombre d’agents.

La DGFIP et la DGAFP refusent la création d’une « prime spéciale JO » et considèrent que le CIA fera l’affaire.

Pour la CFDT, l’utilisation du CIA ne peut se faire au détriment des agents non impliqués dans les JO, nous en dirons plus au moment du point à l’ordre du jour.