Tribune libre

 Dans nos rêves les plus fous, Sébastien Lecornu recevrait les organisations syndicales du ministère des Armées voire participerait au Comité Social d’Administration du ministère des Armées. Cette rencontre serait particulièrement importante et attendue puisqu’elle interviendrait quelques temps après l’adoption de la LPM 2024-2030.

Pour rappel, les fédérations syndicales du ministère ont pour mission d’établir un dialogue entre le ministre des Armées et son administration, d’une part, et le personnel civil qui y travaille, d’autre part. A ce titre, Il permet aux fédérations d’exprimer au ministre des Armées leur avis sur les questions à caractère général relatives à la condition du personnel civil.

Au cours de cette réunion, le ministre évoquerait la spécificité du contexte stratégique actuelle avec tout ce que cela implique pour le ministère des Armées. L’émergence du concept de guerre hybride ainsi que l’importance prise par les nouveaux espaces de conflictualité (espace, cyber, fonds-marins) posent des défis majeurs dans le domaine du recrutement alors que les ruptures technologiques brutales constituent un paramètre majeur dans les rapports de force internationaux.

La bataille des compétences du personnel civil au profit des Forces

La bataille des compétences pour que le ministère des Armées soit en mesure d’attirer les talents de l’innovation est donc déterminante. Ce défi doit être relevé dans un contexte national de baisse du chômage ce qui oblige le ministère à penser son potentiel d’attractivité et de fidélisation.

A ce sujet, nous imaginerions un certain nombre de mesures financières qui pourraient être engagées rapidement au cours des prochains mois. Certaines seraient portées par le gouvernement (relèvement de la valeur du point d’indice par exemple) pour l’ensemble de la fonction publique alors que d’autres seraient spécifiques au ministère des Armées. Nous pourrions rêver de l’ouverture prochaine d’un grand chantier pour redynamiser la partie indiciaire de la rémunération, notamment pour mieux inciter l’évolution entre les différents corps et catégories.

L’attractivité et la fidélisation des emplois civils

Cependant, pour le ministre, l’attractivité et la fidélisation ne se limiterait pas qu’à des questions financières et devraient être pensées de façon beaucoup plus large.

Le sens du service public et la fierté de s’inscrire dans l’héritage des anciens sont des éléments à ne pas négliger face à une génération en quête de sens. Il serait également essentiel de considérer les perspectives de progression de carrière et les responsabilités que peut offrir le ministère. Enfin, l’amélioration des conditions de vie du personnel civil et de ses proches serait primordiale. Ce serait notamment l’objectif affiché du plan famille II qui se concentrerait également sur l’amélioration du quotidien des familles du personnel civil.

Mais là aussi, l’effort ne serait pas uniquement financier. Une exécution intelligente des mesures serait également déterminante. Et pour cela, le ministre souhaiterait impliquer les collectivités locales. En ce sens, les organisations syndicales du MINARM seraient des interlocutrices privilégiées. Elles auraient la responsabilité de comprendre pourquoi, la fidélisation est plus compliquée dans certaines régions que d’autres, dans certains métiers ou fonctions que d’autres et de proposer des solutions pour renforcer l’attractivité des territoires et des emplois les moins prisés. Cette réunion permettrait de constater que le ministre des Armées et les fédérations syndicales du MINARM partageraient le même constat au sujet des problématiques évoquées et réfléchiraient mieux encore, trouveraient des solutions pour y remédier.

Mais, c’est un rêve complètement fou, cela ne se pourrait dans la vie normale car nous ne sommes pas le CSFM*... Civils si vils...

*Le ministre a reçu au ministère les 45 membres du Conseil supérieur de la Fonction Militaire le 14 septembre dernier.

Paris, le 20/09/2023