Monsieur le Président, vous avez lors de vos vœux par vidéo du début d'année évoqué dans vos priorités "la bataille des RH" en ciblant notamment la fidélisation des agents.
Pour la CFDT, cette fidélisation, à laquelle nous sommes bien évidement attachés, doit passer par la visibilité que l'on donne aux personnels de leurs carrières mais aussi par la reconnaissance qui leur est témoignée en défendant leurs intérêts au niveau ministériel (par une politique d’avancement et de promotion ambitieuse, par des efforts de revalorisation des groupes RIFSEEP et l’obtention d’une enveloppe améliorée de CIA avec une redistribution équilibrée et équitable qui ne se contente pas de rester collée aux planchers. Trop d’agents se plaignent d’être oubliés par leur employeur, le SID.

Cette fidélisation vaut aussi pour les contractuels par exemple avec l'obtention de CDIsation, de revalorisation, de rebasage. Or aujourd'hui ce ne sont pas du tout ces signaux qui sont envoyés aux personnels, contrairement à d'autres employeurs, la DGA par exemple pour ne pas la citer. Nombre d’agents sous contrat s’entendent dire, à demi-mot, que si les conditions ne leur conviennent pas ils peuvent partir, le service les remplacera !
Oui Monsieur le directeur, c'est le message qui leur parvient ; nous ne pouvons pas continuer ainsi, nous devons tout faire pour conserver les agents sous contrat qui ont fait leurs preuves, en leur offrant, notamment, des conditions de rémunération dignes de leur investissement pour le Service. Sinon, quelle « Bataille des RH » mènerions-nous, celle des éléments de langage ?
En agissant ainsi, nous ne perdons pas que des agents. Nous perdons des compétences, des heures d’investissement, de formations et nous laissons ceux qui restent avec une surcharge de travail à absorber, des démarches de recrutement interminables à recommencer, et par la suite, de nouveaux agents qui auront besoin de nombreux mois pour s'approprier leurs missions et leur environnement. Et bien sûr nous nous entretenons la précarité de femmes et d’hommes qui ne le souhaitent pas particulièrement.

La fidélisation passe aussi par des conditions de travail respectueuses et agréables où les personnels se retrouvent et, en retour, donnent le meilleur d'eux-mêmes. Les bonnes conditions de travail sont aussi une vitrine pour les employeurs. Ce qui n'est malheureusement pas le cas partout. La CFDT dénonce un raidissement des pratiques managériales. Pour exemple, nous constatons actuellement à la direction centrale des comportements assimilables à du « flicage », terme fort mais bien approprié. Comment qualifier autrement cette pratique de surveillance des horaires, de justifications quotidiennes imposées aux manageurs pour des badgeages décalés de quelques minutes par rapport aux horaires de référence, qui se traduisent par un surcroit d'activité absurde pour les agents des services RH, qui ont bien d'autres choses plus importantes à faire ? Ces règles inadaptées agacent fortement un grand nombre d'agents qui y voient là un manque de confiance et un certain mépris à leur égard. Ces dégradations de conditions de travail démotivent et amènent des personnels à aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte.

Les bonnes conditions de travail passent aussi par les moyens que l'on met à disposition des personnels. Aujourd’hui, on entend partout des problèmes d'accès à des véhicules pour aller sur les chantiers, des moyens informatiques désuets, l'absence, pour de nombreux personnels amenés à se déplacer régulièrement, de clefs SMOBI et de licences ISPT avec l’obligation pour une grande majorité de personnels d'utiliser leur téléphone portable personnel afin d’avoir une connexion internet pour communiquer avec les entreprises. Voulons-nous réellement un service prêt à relever les nouveaux défis d'une transformation? Un service à la hauteur, organisé, efficace ? Si tel est le cas, il faudra aussi prendre le virage d'un service équipé et connecté.

En parlant de connexion, évoquons la question du télétravail. Là encore, nous sommes loin de l’application sur le terrain du cadre légal de l’accord-cadre signé par la Ministre elle-même. La CFDT ne comprend pas que le dogme l’emporte sur la raison et la réalité des situations. Limiter le télétravail à 2 jours maximum sans même tenir compte de l’examen des situations est contraire à la loi définie par texte validé, c’est désobéir aux directives ministérielles. La possibilité de télétravailler participe de l’attractivité du service. Questionnez les nouveaux postulants, qu’ils viennent d’autres secteurs ministériels ou du privé. La CFDT ne prétend pas que tout le monde veut, peut ou doit télétravailler 3 jours par semaine. Mais cessons l’hypocrisie : si le SID veut être un service qui se renouvelle et s’adapte au monde du travail, alors qu’il fasse évoluer ses pratiques managériales passéistes.

Avons-nous les moyens de perdre ou de ne pas gagner des personnels pour toutes ces raisons- là ? Ou devons-nous nous battre pour fidéliser, améliorer les conditions de travail de tous, uniformiser dans tous les établissements les bonnes pratiques et les fonctionnements appréciés et afin de refléter l’image, mais surtout la réalité, d'un service intelligent, attaché et respectueux de ses personnels, qui mise sur le gagnant/gagnant ? Car la CFDT est bien d'accord avec vous quand vous déclarez "la richesse du service c'est notre compétence collective". Il faut maintenant passer du déclaratif au démonstratif, à l’applicatif.

Telle la mise en œuvre à grande échelle des outils en cours de développement par le groupe de travail RPS adossé au CTR et destinés à prévenir les problématiques de mal être au travail. La CFDT réclame que les ressources nécessaires soient allouées pour atténuer les conséquences des diminutions d’effectifs sur un service déjà extrêmement tendu. La résilience attendue nécessite, entre autres, de disposer de personnes référentes, formées à l’écoute des autres. Les risques psychosociaux nous concernent tous. Ainsi la CFDT qui participe activement à cette réflexion réclame, d'ores et déjà, et a minima, un référent RPS à temps plein à la direction centrale au plus près du conseiller central à la prévention. Mais la CFDT demande aussi que le futur REO de chaque établissement intègre un poste de réfèrent RPS au sein du service prévention.

Pour finir sur les évolutions qui impactent les personnels du service, la CFDT souhaite obtenir davantage de précisions sur le transfert du CETID à Angers se concrétise au fur et à mesure du temps. Quelles sont les solutions prévues pour les agents contraints ou souhaitant rester sur le bassin versaillais ? Et pour reboucler avec nos propos sur la fidélisation et l’attractivité, ne craignez-vous pas une perte de compétences massive de ce centre d’expertise ?

Pour résumer, la CFDT attend de votre part, Monsieur le Président, un effort de compréhension, de respect et de reconnaissance tangible envers tous vos agents, fonctionnaires, ouvriers d’Etat, contractuels et apprentis.

Versailles, le 19 mai 2022