Les défilés du 1er mai ont une fois de plus exacerbé deux conceptions opposées du syndicalisme : pendant que certains huaient non seulement le nom de Laurent Berger, ils  s'en prenaient également aux militants des entreprises ; belle preuve d'intolérance au dialogue et au droit à une opinion différente !

De son côté la CFDT est passé de l'action à l'explication, afin de ne pas rejeter une loi du travail porteuse d'avancées significatives, mais qu'il faut encore améliorer.

Là où j'avoue ne plus comprendre, c'est lorsque j'entends mardi matin à la radio qu'un secrétaire général d'une autre organisation syndicale, laquelle défilait dimanche dernier contre le projet de cette même loi, voudrait maintenant proposer des amendements au gouvernement !

La CFDT aurait elle encore vu plus loin et plus tôt que d'autres, qui le regrettent aujourd'hui ?

Ceci étant, je préfère une organisation qui est capable de changer d'avis, aux organisations patronales et syndicales qui restent arc boutées sur leurs positions diamétralement opposées et ce faisant, militent pour un immobilisme mortifère.

Notre pays vu de l'étranger, montre un véritable problème de dialogue social et certains citoyens qui déplorent de ne pas assez être assez consultés dans l'exercice de la démocratie citoyenne, rejetteraient cette possibilité dans leurs entreprises ; là encore je m'interroge sur la cohérence de certaines pensées.

Le mirage de l'homme (ou la femme) providentiel, qui réglerait tous nos maux grâce à une politique énergique et des réformes drastiques, a la vie dure et il faut  nous mettre en garde contre lui.

En effet, les déficits de dialogue et de négociation et leur faiblesse dans le fonctionnement institutionnel du pays et des lieux de travail, permettront un jour à des dirigeants peu démocrates, d'imposer autoritairement ici, des réductions de libertés et là, des durcissements des conditions de travail.

Il ne faut pourtant pas craindre d'exercer notre droit à négocier au plus près des entreprisses et des administrations, ceci dans des cadres sécurisés au niveau des branches, des grands employeurs et de la loi. Là où le dialogue social est riche, les performances économique et sociale sont supérieures aux endroits où il est pauvre : le dialogue social construit le progrès social.

C'est bien la preuve que chacun d'entre nous a intérêt à agir et s'exprimer pour défendre son avenir professionnel au plus près de son lieu de travail, dans des conditions sécurisées par les négociations menées par les fédérations syndicales au niveau des branches professionnelles et des employeurs publics, et par les confédérations au niveau interprofessionnel et politique.

Faire vivre ce principe de subsidiarité est à même de garantir un meilleur avenir à tous.

Philippe BUYENS
Secrétaire National CFDT Défense